Faut-il changer son alimentation en fonction de son cycle menstruel ? Impact sur l’entraînement et la performance
Faut-il changer son alimentation en fonction de son cycle menstruel ? Impact sur l’entraînement et la performance

Comprendre le cycle menstruel et ses effets sur le corps

Le cycle menstruel est un processus physiologique complexe qui influence de nombreux aspects de la santé féminine, y compris la nutrition, le métabolisme et la performance sportive. Sur environ 28 jours (bien que cela varie selon les femmes), le cycle est divisé en plusieurs phases : menstruation, phase folliculaire, ovulation et phase lutéale. Chacune de ces périodes est caractérisée par des fluctuations hormonales (principalement les œstrogènes et la progestérone) qui impactent la manière dont le corps utilise les nutriments, la gestion de l’énergie, et même la récupération musculaire.

Comprendre ces changements hormonaux est essentiel pour adapter stratégiquement son alimentation et son entraînement. De nombreuses athlètes de haut niveau ajustent leur régime alimentaire et leur routine sportive en fonction de leur cycle pour optimiser leur récupération, leurs performances et leur bien-être global.

Comment les hormones influencent-elles les besoins nutritionnels ?

Les principales hormones du cycle menstruel, à savoir les œstrogènes et la progestérone, modifient le métabolisme énergétique, la sensibilité à l’insuline, et le métabolisme lipidique. Cela a des implications directes sur les apports nutritionnels nécessaires en fonction des phases du cycle.

  • Phase folliculaire (du 1er jour des règles à l’ovulation) : les œstrogènes augmentent progressivement. Cela améliore la sensibilité à l’insuline et donc la capacité à utiliser les glucides comme source d’énergie. Il peut être utile d’augmenter la proportion de glucides complexes pendant cette période pour soutenir la performance, notamment en musculation ou en endurance.
  • Ovulation : ce pic de testostérone et d’œstrogènes peut être un moment optimal pour des entraînements intenses ou de force, car l’énergie et la motivation sont souvent élevées. Veiller à une consommation suffisante de protéines maigres, de fruits, légumes frais et de féculents est essentiel pour soutenir l’activité musculaire.
  • Phase lutéale (après l’ovulation jusqu’aux règles) : la progestérone domine. Elle favorise une augmentation de la température corporelle et une utilisation accrue des graisses comme source d’énergie, mais aussi une certaine résistance à l’insuline. Réduire légèrement les glucides simples et privilégier les graisses saines (avocat, noix, poissons gras) peut optimiser la gestion énergétique. Il faut aussi surveiller les fringales et les carences en magnésium ou fer, fréquentes à cette période.
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Adapter son alimentation pour équilibrer énergie et performances

Oui, il est judicieux de modifier certaines habitudes alimentaires en fonction des phases hormonales, surtout pour les personnes actives ou en période d’intense entraînement physique. Davantage qu’un simple confort, ces ajustements peuvent réellement impacter la performance sportive et la récupération.

Voici quelques recommandations alimentaires pratiques pour chaque phase du cycle :

  • Menstruations : Les pertes sanguines entraînent une baisse de fer. Consommez des aliments riches en fer (viandes rouges, légumineuses, épinards) accompagnés de vitamine C pour améliorer l’absorption. Intégrer des sources de magnésium permet aussi de limiter les crampes (graines de courge, chocolat noir, légumes verts).
  • Phase folliculaire : Une plus grande capacité à utiliser les glucides peut être mise à profit. Favorisez les céréales complètes, le riz complet ou les patates douces. Hydratez-vous davantage, car les besoins en eau peuvent fluctuer.
  • Ovulation : Profitez de cet élan d’énergie pour intégrer des super-aliments riches en antioxydants (baies, thé vert, curcuma) et soutenir le métabolisme avec une bonne dose de protéines (œufs, tofu, poissons). Attention à l’augmentation du risque de blessure à ce moment-là, à cause de l’instabilité ligamentaire induite par les œstrogènes.
  • Phase lutéale : La progestérone peut entraîner une rétention d’eau ainsi que des envies sucrées. Privilégiez un apport accru en fibres (fruits, légumes, son d’avoine), et stabilisez la glycémie avec des sources de graisses saines et des protéines végétales.

Supplémentation et compléments alimentaires en fonction du cycle

L’usage réfléchi de compléments alimentaires peut accompagner les besoins variables du cycle et soulager certains inconforts. En France, les compléments alimentaires sont encadrés par la loi n°2014-344 du 17 mars 2014 relative à la consommation ainsi que par le règlement (UE) 2015/2283 sur les nouveaux aliments. Voici quelques exemples validés :

  • Magnésium : Un apport quotidien en magnésium peut soulager les symptômes du syndrome prémenstruel (SPM) : fatigue, irritabilité, crampes. Dose recommandée : 300 à 400 mg par jour (source : ANSES, Agence nationale de sécurité sanitaire de l’alimentation).
  • Fer : En cas de carence liée aux menstruations abondantes, une supplémentation en fer peut être nécessaire. Elle doit être encadrée par un professionnel de santé pour éviter tout risque d’excès (toxique à haute dose).
  • Oméga-3 : Connus pour leurs effets anti-inflammatoires, ils peuvent améliorer la récupération musculaire et les douleurs menstruelles. Présents dans les huiles de poisson, graines de lin ou en gélules certifiées.
  • Vitamine B6 : Bénéfique pour la régulation hormonale et les symptômes de SPM. Elle contribue également à un métabolisme énergétique normal.
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Quel impact sur la planification de l’entraînement ?

Adapter ses séances d’entraînement en fonction des phases du cycle menstruel peut optimiser les gains musculaires et limiter le surmenage. Même sans modifier drastiquement un programme, certains ajustements sont pertinents :

  • Durant la phase folliculaire : Le corps est en forme, l’énergie est au rendez-vous. C’est la période idéale pour les séances lourdes de musculation, les entraînements HIIT, ou la prise de masse musculaire.
  • Ovulation : Force maximale et pic de puissance. Attention toutefois, le risque de blessure ligamentaire est accru. Inclure un bon échauffement et éviter les charges trop explosives peut prévenir les incidents.
  • Phase lutéale : La fatigue peut augmenter, de même que la fréquence cardiaque au repos. Il peut être intéressant de ralentir le rythme, miser sur des séances d’endurance modérée, du yoga ou du stretching actif.
  • Pendant les règles : Écouter son corps est la priorité. Certaines sportives se sentent très en forme et peuvent maintenir leur programme, tandis que d’autres ressentent douleurs et fatigue. Adapter selon les sensations reste la meilleure stratégie.

Pourquoi personnaliser son approche est essentiel

Chaque femme vit son cycle différemment. Certaines ressentent de fortes variations physiques et émotionnelles tandis que d’autres traversent les phases presque sans symptômes. Il est donc fondamental d’adopter une approche individualisée, tant au niveau nutritionnel que sportif.

Tenir un carnet de bord permet de repérer les moments où l’énergie est la plus haute, les jours de fringales ou les entraînements plus difficiles. Sur le long terme, ces observations peuvent guider des choix alimentaires pertinents et une stratégie d’entraînement plus cohérente avec la physiologie individuelle.

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Au croisement de la nutrition et du sport, analyser le cycle menstruel permet de bâtir une synergie entre les besoins du corps et les ambitions sportives. Que ce soit pour améliorer leurs performances, mieux récupérer, ou simplement se sentir en meilleure forme au quotidien, les femmes ont tout à gagner à écouter et comprendre leur cycle.

By Joy